La communauté RAVEN a été présente auprès des Tŝilhqot'in pratiquement depuis la création de RAVEN, en 2009. Nous avons produit un film retraçant leur lutte – Blue Gold: The Tsilhqot'in Fight for Teztan Biny (Or bleu : Le combat des Tsilhqot'in pour Teztan Biny) – et avons organisé des projections lors de collectes de fonds, en personne et en ligne, pour sensibiliser le public et lever des fonds. Nous avons organisé de nombreux rassemblements dans des palais de justice, ainsi qu’un voyage épique à travers le pays pour conduire les chefs et les anciens des Tŝilhqot'in à Ottawa pour assister aux audiences du tribunal. Parmi nos fondations partenaires, nous comptons des donateurs importants tels la Fondation canadienne Donner, la Fitzhenry Family Foundation, la Wilburforce Foundation et le Global Greengrants Fund. Plus de 1,200 personnes ont fait des dons pour un total de plus d'un million de dollars afin d'assurer cette victoire immense pour les droits autochtones, l'eau potable et la protection des terres sacrées. 

Pendant des années, bien qu'ils aient le seul titre autochtone prouvé en Colombie-Britannique, les Tŝilhqot'in se sont retrouvés empêtrés dans des litiges judiciaires sans fin pour protéger leurs terres sacrées, d’abord contre la mine Prosperity puis la New Prosperity proposées par Taseko. La mine aurait eu des impacts désastreux sur l'environnement et sur la culture et les droits des Tŝilhqot'in. Le 14 mai 2020, la Nation Tŝilhqot'in a enfin pu déclarer que le projet minier était mort, célébrant ainsi la décision de la Cour suprême du Canada de rejeter la demande de Taseko Mines Limited, qui avait fait appel du rejet de la proposition de mine par le gouvernement fédéral en 2014. 

Entre-temps, Taseko a cependant obtenu des permis provinciaux pour mener un vaste programme de forage exploratoire à Teztan Biny et dans les environs, ce qui causerait des dommages importants et irréparables. Les Tŝilhqot'in ont lancé une action en justice contre Taseko et la Colombie-Britannique pour violation des droits autochtones. L'affaire devrait être entendue en 2022. Si elle aboutit, cette action en justice annulera les permis, affirmera les droits autochtones des Tŝilhqot'in dans la région de Teztan Biny et deviendra un puissant moyen de dissuasion pour toute future société minière qui s'aventurerait à poursuivre des projets sur le territoire des Tŝilhqot'in sans leur consentement.

Bonne question! L'entreprise se sert d’une faille juridique causée par la répartition des compétences entre le gouvernement fédéral et les provinces. Le gouvernement fédéral a le pouvoir de mener des examens environnementaux et d'approuver ou de rejeter les projets miniers dont la taille et l'ampleur sont suffisantes pour déclencher un examen fédéral. Cependant, les baux miniers et l'exploration minière ressortent de la compétence exclusive des provinces. Taseko a des baux miniers sur le site Tŝilhqot qui sont valides jusqu'en 2035, et l’entreprise a obtenu ses permis d'exploration en 2017 en vertu du Mines Act et du Mineral Tenure Act de la Colombie-Britannique. Bien que le programme exhaustif de forage exploratoire de Taseko comprenne le forage de 122 trous exploratoires et l'excavation de 367 puits d'essai, la législation provinciale n'exige aucune évaluation environnementale pour l'exploration minière.

Déjà en 2012, Taseko avait mené un programme de forage exploratoire à Teztan Biny et Nabaŝ (la région environnante) qui avait laissé le paysage couvert de débris de récolte de bois et de traces laissées par l’équipement industriel lourd. Le nouveau programme de forage proposé par Taseko, qui est 'objet de la contestation juridique actuelle des Tŝilhqot'in, serait beaucoup plus étendu. Tel que mentionné, il impliquerait le forage de 122 trous d'exploration et l'excavation de 367 puits d'essai. Quelques 76 kilomètres de routes et de pistes, 20 kilomètres de lignes sismiques et un campement de travail de 50 personnes seraient aussi construits.

La mine New Prosperity a été rejetée en 2014 en raison de ses impacts environnementaux et culturels. En 2013, le panel d'experts fédéral indépendant a conclu que la mine New Prosperity aurait des impacts importants et irrémédiables sur la qualité de l'eau, la pêche et sur le patrimoine culturel des Tŝilhqot'in, ainsi que sur leurs droits et pratiques traditionnelles. Le rapport du panel a également noté que Taseko Mines n'était même pas en mesure de satisfaire la « preuve de concept » pour sa proposition sans précédent et non avérée de recirculation de l'ensemble de l’eau du lac et que Teztan Biny serait contaminé au fil du temps, malgré leurs efforts d'atténuation.

Suite aux conclusions de la commission d'examen, le cabinet fédéral a rejeté la proposition de New Prosperity en 2014. Ce rejet a ensuite été confirmé à différents niveaux du pouvoir judiciaire, notamment par une révision judiciaire, par la Cour d'appel fédérale et par la Cour suprême du Canada qui, en 2020, a refusé d'entendre tout autre appel de la part de Taseko Mines.

Si elle aboutit, l'action Tŝilhqot'in pour violation des droits des autochtones ne protégera pas seulement Teztan Biny et les environs de Nabaŝ, mais établira également un important précédent juridique. Les Tŝilhqot'in détiennent déjà leurs droits autochtones, confirmés par la cour, de chasse et de trappage d’animaux sur leur territoire, et ils demandent au tribunal de confirmer également leurs droits de pêche. Cela devrait renforcer la capacité des Tŝilhqot'in à protéger ces terres contre toute intrusion, et deviendrait un puissant moyen de dissuasion pour toute future entreprise minière qui essaierait d’implanter des projets sur le territoire des Tŝilhqot'in sans leur consentement.

La vision des Tŝilhqot'in pour la région est de créer le Parc tribal Dasiqox, une zone protégée qui serait ouverte à tous pour la visite et le plaisir. Pour que cette vision se concrétise, tous les projets miniers potentiels doivent être stoppés devant les tribunaux. C'est ce rêve qui a motivé les actions en justice des Tŝilhqot'in pour protéger leur territoire au cours des 12 dernières années. 

Dans une décision qui a établi un précédent juridique en 2014, la Cour suprême du Canada a statué à l'unanimité que la Nation Tŝilhqot'in détenait un titre ancestral sur près de 1,800 kilomètres de terres dans le centre de la Colombie-Britannique au sud-ouest de Williams Lake. C'est la première décision dans l'histoire juridique canadienne qui affirme le titre ancestral d'une Nation autochtone. 

RAVEN n'a pas participé au financement de ce travail juridique – qui s'est élevé à plusieurs millions de dollars – que les Tŝilhqot'in et leur équipe juridique ont effectué pendant plus de dix ans et qui a fini par aboutir à cette décision historique. 

Tous les fonds collectés pour la campagne Tŝilhqot'in sont destinés à financer les actions en justice autochtones. 85% des fonds collectés vont à Tŝilhqot'in pour financer leurs actions en justice. Autrefois à RAVEN, nous avions l'habitude de prélever 15% de tous les fonds levés pour couvrir nos frais administratifs afin d’être en mesure de maintenir notre opération. Cependant, à partir de 2021, ces 15% sont dorénavant placés dans notre Fonds discrétionnaire pour les litiges (voir ci-dessous). 

Si une contestation judiciaire prend fin et que les fonds levés dépassent les frais de justice, nous plaçons les fonds restants dans le Fonds discrétionnaire pour les litiges. Nous utilisons l'argent de ce fonds pour renflouer toute campagne en besoin de soutien financier supplémentaire, et ce pour toute une panoplie de raisons (par exemple, pour répondre à une motion de la Couronne, ou pour commander des rapports d'experts supplémentaires).