Tout le monde à la rescousse! Nous avons besoin de votre soutien pour les Wet’suwet’en qui défendent leur territoire non-cédé (Yintah) contre le pipeline de gaz naturel liquéfié (GNL) de Coastal GasLink’s (CGL). Les Dinï ze ’et les Ts’akë ze’ (chefs) s’opposent de tout cœur au projet CGL, qui verrait des forêts vierges et des cours d’eau à saumon se transformer en un corridor pour les combustibles fossiles.

Coastal GasLink propose de construire un pipeline de 670 km pour transporter du gaz fracturé de Dawson Creek vers une installation de GNL proposée à Kitimat. Le pipeline appartient à TransCanada, la même société qui finance les projets Keystone XL et Énergie Est.

Coastal GasLink (CGL) fait partie d'un projet de 40 milliards de dollars récemment approuvé par LNG Canada qui est à lui seul le plus grand investisseur du secteur privé dans toute l'histoire du Canada. La société malaisienne Petronas, qui a abandonné son propre projet GNL Pacific NorthWest face à l'opposition des Premières Nations, détient 25% des parts de LNG Canada.

Si CGL était construit et devenait opérationnel, il transformerait de manière irréversible l'écologie et le caractère du nord de la Colombie-Britannique. Il établirait également l'extraction de combustibles fossiles pour des décennies à venir à une époque où les scientifiques sonnent l’alarme et prévoient des souffrances indescriptibles dans notre proche avenir à moins que toutes les nations réduisent rapidement la production de combustibles fossiles.

Selon le Pembina Institute, l’empreinte carbone de LNG Canada est estimée à 8,6 millions de tonnes (Mt) d’ici 2030, ce qui rendrait impossible d’atteindre les objectifs prescrits par la législation climatique, même quand ces derniers ont été affaiblis par la Colombie-Britannique. Un autre problème à considérer est le processus même de fracturation hydraulique (fracking) utilisé pour obtenir le gaz, qui pollue les eaux souterraines et fait s’échapper de grandes quantités de méthane dans l'atmosphère, ce qui a un impact sérieux sur le climat et la santé publique. Il est prévu que le trajet du pipeline traverse des centaines de cours d'eau de saumons et aboutisse à une installation de liquéfaction et d'exportation de GNL dans l'estuaire de la rivière Skeena.

Au printemps 2019, RAVEN a été contacté par des chefs héréditaires Wet’suwet’en associés au camp Unist’ot’en. À l’époque, les chefs étaient en cour pour s'opposer à une injonction accordée à Coastal GasLink qui excluait les membres de Wet’suwet’en de certaines parties de leur territoire. RAVEN a alors organisé une campagne de financement pour Unist’ot’en en mai-juin 2019, recueillant 90 000 dollars. Malheureusement, la cause Unist’ot’en a perdu au tribunal.

En automne 2019, RAVEN a été contacté par le Bureau des Wet’suwet’en, un organisme qui coordonne le travail de tous les chefs héréditaires, en recherche de soutien pour leur demande de révision judiciaire. De plus, deux chefs du clan Likhts’amisyu ont demandé de l’aide pour leur contestation de la Constitution/Charte. RAVEN a accepté les deux demandes et a conclu un accord officiel avec les chefs héréditaires Wet’suwet’en qui est à la base de notre campagne Wet’suwet’en.

Si les Wet’suwet’en remportent la révision judiciaire, l’approbation de Coastal GasLink sera annulée.

Et si les Wet’suwet’en remportent leur contestation de la Constitution et de la Charte, cela pourrait entraîner des changements de grande envergure dans la législation environnementale du Canada. Ce qui permettrait au gouvernement fédéral d’annuler les approbations déjà accordées dans le passé à des projets de combustibles fossiles tels que les installations d’exportation de GNL et les pipelines proposés pour les territoires de Wet’suwet’en. Ces projets pourront être annulés quand il sera prouvé que s’ils se réalisaient, le Canada ne serait pas en mesure de respecter ses obligations de l’Accord de Paris, qui est de maintenir les émissions de gaz à effet de serre de façon à  limiter le réchauffement à moins de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels.

Le système de gouvernance Wet’suwet’en, qui remonte à des milliers d’années, est basé autour de Maisons et de Clans. Les célébrations sont un élément central du gouvernement, de la loi, de la structure sociale et de la vision du monde des Wet’suwet’en. Les Dinï ze ’et Ts’akë ze (chefs héréditaires et chefs d’aile de chaque Maison) ne tirent leur légitimité ni par le biais d’élections, ni par le seul droit d’aînesse (comme dans les monarchies européennes) mais par le processus de la salle des célébrations. Les célébrations valident l’autorité et la légitimité des chefs conformément à la loi Wet’suwet’en. Avant tout festin, de nombreuses réunions informelles et semi-formelles ont lieu au cours desquelles des idées sont présentées et discutées pour développer un consensus au sein de la Maison hôte et parmi les autres Maisons Wet’suwet’en. Le terme anglais de « leadership héréditaire » n’arrive pas à traduire la complexité de ce système de gouvernance hautement participatif.

La loi canadienne reconnaît la gouvernance autochtone d’une manière générale et le système des Maisons et Clans Wet’suwet’en en particulier. Cela a été très clairement indiqué par la Cour suprême du Canada dans sa décision de l’affaire Delgamuukw de 1997. La Cour suprême du Canada a alors dit ceci à propos du système des Clans et des Maisons et des chefs héréditaires, « La caractéristique fondamentale de l’organisation sociale des Gitksan et des Wet’suwet’en est qu’ils sont divisés en clans et en maisons ».

Par la suite, La Cour suprême de la Colombie-Britannique a statué dans Canadian Forest Products Inc. c. Sam que « l’occupation et l’utilisation des terres par les Wet’suwet’en sont organisées autour du système de clan et de maison sur lequel la loi et la structure sociale essentielle sont basées ». La Cour suprême de la Colombie-Britannique a poursuivi en disant que « chaque chef Wet’suwet’en acquiert des droits et des responsabilités qui sont spécifiques au territoire particulier que ce chef a le devoir de protéger. Les droits et les responsabilités sont confirmés, coordonnés et dirigés vers le bien commun, en d’autres termes, régis par les célébrations », qui sont « au cœur de la société et du gouvernement Wet’suwet’en ».

Les deux contestations juridiques que RAVEN soutient actuellement ont été intentées par les chefs héréditaires Wet’suwet’en représentant tous les clans Wet’suwet’en.

Ce sont les chefs héréditaires et non les conseils de bande qui étaient les plaignants devant la Cour suprême dans l'affaire historique Delgamuukw. La Cour suprême a confirmé que les Wet’suwet’en n’ont jamais cédé le titre de leurs terres ancestrales et a accepté de nombreuses preuves décrivant leur système de gouvernance héréditaire. La Cour suprême a précisé dans la décision Tsilhqot’in que le fait qu’une nation se structure en différentes bandes à la suite d’un processus d’attribution des réserves et de la Loi sur les Indiens « n’affecte pas l’identité de la nation en tant que titulaire des droits ».

Selon le juriste Bruce McIvor, sauf autorisation contraire des membres des Nations autochtones, l'autorité des Chefs et des Conseils élus se limite aux pouvoirs énoncés dans la Loi sur les Indiens. La Loi sur les Indiens ne confère ni à un Chef ni à un Conseil le pouvoir de prendre des décisions concernant les terres situées au-delà des limites des réserves des Premières Nations.

En revanche, les Chefs héréditaires sont responsables, en vertu de la loi et de la gouvernance des Wet’suwet’en, de prendre des décisions concernant leurs terres ancestrales. Ce sont ces terres que les Chefs héréditaires cherchent à protéger des impacts du projet de pipeline, et non les terres de réserve de la Loi sur les Indiens.

Tous les fonds collectés pour la campagne Wet’suwet’en sont destinés à financer les actions en justice autochtones. 85% des fonds collectés vont à Wet’suwet’en pour financer leurs actions en justice. Autrefois à RAVEN, nous avions l'habitude de prélever 15% de tous les fonds levés pour couvrir nos frais administratifs afin d’être en mesure de maintenir notre opération. Cependant, à partir de 2021, ces 15% sont dorénavant placés dans notre Fonds discrétionnaire pour les litiges (voir ci-dessous).

Si une contestation judiciaire prend fin et que les fonds levés dépassent les frais de justice, nous plaçons les fonds restants dans le Fonds discrétionnaire pour les litiges. Nous utilisons l'argent de ce fonds pour renflouer toute campagne en besoin de soutien financier supplémentaire, et ce pour toute une panoplie de raisons (par exemple, pour répondre à une motion de la Couronne, ou pour commander des rapports d'experts supplémentaires).