Ana Siméon, Directrice des campagnes, sur les droits, la responsabilité et la réciprocité
Dans leurs conversations, les membres de la Nation Wet’suwet’en font référence à l’affirmation des droits et des responsabilités des Wet’suwet’en sur et envers la terre.
Droits et responsabilités : pas seulement droits. Et envers la terre : ce qui pointe vers une relation de réciprocité.
Lorsque 5 nouvelles cabanes appartenant à des clans ont été construites sur les territoires des Wet’suwet’en, elles ont remplacé celles qui avaient été perdues à cause des conflits entre la foresterie et la population locale. Selon Mel Bazil (Gidimt’en) dans Niwhts’ide’nï Hibi’it’ën: The Way of our Ancestors (2016):
« Le déplacement de notre peuple hors de nos terres a affecté les sentiers, les voies navigables, les pratiques traditionnelles de récolte et, dans un sens majeur, l’esprit de notre nation. Le remplacement des cabanes a été un ajout majeur au camp culturel et un moyen pour nos chefs d’exprimer leur autorité et responsabilité dans la gestion du territoire. »
Mel Bazil (Gidimt’en), « Niwhts’ide’nï Hibi’it’ën: The Ways of Our Ancestors » (2016)
À RAVEN, nous parlons souvent de l’impératif moral de faire respecter les droits inhérents des peuples autochtones. Une grande partie de la défense et de l’activisme en soutien aux peuples autochtones du Canada a eu pour but de pousser le Canada à respecter et faire respecter ces droits. Compte tenu du bilan du Canada en matière de piétinements et de violations flagrantes, il s’agit d’un travail important et essentiel.
Mais du point de vue des Wet’suwet’en, et du point de vue de nombreuses autres Nations autochtones, les droits ne sont que la moitié de l’histoire.
Réparer les liens relationnels
Personnellement, je viens d’un pays européen dont le cadre social considère les droits humains comme quelque chose que les gouvernements doivent respecter. Les gens ont des droits, les gouvernements ont des responsabilités. Les deux sont séparés.
Si imparfaitement que nous nous acquittons de ce cadre, il peut néanmoins donner une voix aux victimes et promouvoir la responsabilité au plus haut niveau. J’étais présente lorsque l’ex-Yougoslavie s’est démantelée alors que la guerre ravageait mon pays d’origine; de voir un président, des représentants du gouvernement, et des généraux être jugés et condamnés devant le Tribunal pénal international pour violations à grande échelle des droits humains était un moment de vérité qui résonne encore en moi et dans les communautés touchées, 25 ans plus tard.
Le cadre autochtone de relations réciproques qui incluent à la fois des droits et des responsabilités va beaucoup plus loin. Parce que ce sont à la fois une éthique et un cadre juridique qui sont ancrés dans la culture, ces pratiques et principes perdurent depuis des millénaires. Et, puisque chaque personne est à la fois détentrice de droits et défenseur de responsabilités, le cadre autochtone est également plus inclusif.
Prenez les traités, par exemple.
Dans leur livre The Right Relationship (La relation juste), le juriste anishinaabe John Borrows et le professeur de droit Michael Goyle contrastent des points de vue divergents sur les traités et les relations qui en découlent entre les Nations autochtones et la Couronne – et, par extension, le reste des colons canadiens.
De nombreux anciens et leaders dans les communautés autochtones parlent des traités en termes sacrés et les considèrent avec une profonde révérence, note Borrows. Du côté canadien, la reconnaissance des traités dans la Constitution reflète avec justesse l’importance des droits conférés par les traités. Mais en même temps, il y a eu peu de reconnaissance politique au Canada des relations qui découlent des traités. En effet, comme l’explique Michael Goyle, les tribunaux canadiens ont tendance à considérer les traités sous l’angle du droit des contrats, comme un ensemble de droits distincts – alors que le point de vue autochtone est de considérer les traités comme des liens de relation, destinés à durer pendant des générations.
Michael Goyle déclare : « Les négociateurs de traités pour la Couronne britannique, et plus tard canadienne, se sont appuyés expressément sur le protocole autochtone d’établissement de relations (…) L’existence de telles relations créait des responsabilités qui incluaient la sollicitude, la loyauté et le respect. » (c’est nous qui soulignons)
Dans l’esprit des traités
Considérez la méchanceté derrière les stratagèmes juridiques du Canada. Par exemple: envoyer des équipes d’avocats pour plaider que le tribunal révoque les paiements pour frais anticipés accordés à la Nation Crie de Beaver Lake parce qu’elle avait choisi d’investir dans un camion de livraison d’eau potable. Ou encore, obliger la Nation Coldwater à passer quatre ans en cour pour rediriger le pipeline Trans Mountain autour du seul aquifère d’eau potable de Coldwater. Dans ces exemples et, malheureusement, dans de nombreux autres, les véritables intentions du Canada derrière le simulacre de la réconciliation sont mises à nu.
Le pouvoir colonial établi n’a pas l’intention de céder d’un pouce à moins d’être forcé de le faire devant les tribunaux. En attendant, il prévoit rendre la salle d’audience très coûteuse – et tellement hors de portée que la majorité des Nations autochtones n’essaient même pas.
Quand on est témoin de l’exercice continu et flagrant du pouvoir colonial, l’idée d’un Canada qui épouse sincèrement la relation de traité fondée sur « la sollicitude, la loyauté et le respect » peut sembler très lointaine. Il ne fait aucun doute que le travail de soutien aux Nations autochtones dans leur lutte pour faire valoir leurs droits fondamentaux devra rester un objectif majeur de RAVEN, et du mouvement progressiste en général, pendant très longtemps.
Si nous gardons bien en tête qu’à RAVEN, nous œuvrons non seulement pour les droits ancestraux et ceux conférés par les traités, mais pour une réorganisation du Canada basée sur une relation de sollicitude, de loyauté et de respect entre les Nations autochtones et les colons canadiens, cette vision plus large et plus profonde pourra nous élever et éclairer notre chemin pour traverser les ténèbres de notre époque.
« Ensemble, nous voyagerons dans l’amitié et dans la paix pour toujours ; tant que l’herbe est verte, tant que l’eau coule en descente, tant que le soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest, et aussi longtemps que notre Mère-Terre durera. »
– Extrait de Two Row Wampum, 1613
- All
- Français
Aujourd’hui est le (dernier) jour
Nous sommes époustouflés par l’incroyable vague d’amour et de soutien que nous avons reçu de votre part, notre incroyable communauté. Vos dons, la gentillesse de vos commentaires et le fait que de nombreuses personnes soient devenues membres de notre Cercle d’alliés – toutes ces façons dont vous vous êtes mobilisé(e)s pour exprimer votre engagement envers…
Ana Siméon, Directrice des campagnes, sur les droits, la responsabilité et la réciprocité
Dans leurs conversations, les membres de la Nation Wet’suwet’en font référence à l’affirmation des droits et des responsabilités des Wet’suwet’en sur et envers la terre. Droits et responsabilités : pas seulement droits. Et envers la terre : ce qui pointe vers une relation de réciprocité. Lorsque 5 nouvelles cabanes appartenant à des clans ont été…
Mardi je donne: nous vous voyons et nous vous célébrons
Nos liens avec la communauté sont au cœur du travail de RAVEN. C’est un honneur pour nous de soutenir les leaders autochtones qui portent en eux et transmettent des enseignements puissants, anciens et vivaces. Lorsque ces traditions sont renforcées par des actions juridiques stratégiques qui font valoir les droits autochtones qui sont intrinsèquement reconnus par…